En France, personne ne se dit communautariste. Pourtant, des communautaristes, il doit bien y en avoir : chaque camp en voit dans celui d’en face. Alors, de la gauche ou de la droite, laquelle fait le plus le jeu du communautarisme ?
Accordons-nous d’abord sur ce que recouvre le terme : le communautarisme consiste à favoriser, ou à défaut à s’accommoder du fait que se constituent des entre-sois sur des critères ethniques, religieux, culturels ou sexuels minoritaires dans la population. En ce sens, la gauche est communautariste. Mais… la droite aussi.
Selon cette tendance, il n’y a pas de « bonnes » ou de « mauvaises » manières de vivre, chacun doit pouvoir vivre sa vie comme bon lui semble. Pour cette raison, la gauche se montre le plus souvent compréhensive à l’égard de communautés constituées sur la base de choix individuels, telles que, par exemple, les communautés homosexuelles (car, si on ne choisit pas d’être homosexuel, on peut choisir d’appartenir à une communauté homosexuelle).
Mais, même à gauche, il y a des degrés dans l’acceptation du laisser-faire. La position à l’égard de la religion est une des lignes de partage. Pour certains, il faut combattre son influence car elle empêche les individus de penser et de vivre librement.
Pour d’autres, plus radicaux, adeptes du laisser-faire intégral, il faut accepter tous types de pratiques religieuses dès lors qu’elles sont librement consenties (voir les statistiques des réponses au Politest sur ce thème).
Ce sont ces derniers qui sont les plus susceptibles d’accepter les communautés constituées sur des critères religieux… quand bien même ils n’approuveraient pas les pratiques qui ont cours au sein de ces communautés.
En revanche, lorsqu’il s’agit de communautés de nature ethnique ou culturelle, où il n’est pas question de choix individuels, toute la gauche « laisser-faire » marque sa désapprobation. Enfin, devrait marquer sa désapprobation.
Seulement, quand on est de gauche, le plus souvent on est à gauche aussi sur « l’identité et la responsabilité » (un autre de nos axes d’analyse). Ce qui signifie que, sur ces questions comme sur d’autres, on estime que le « contexte » est prépondérant.
On considère donc que tous ces communautarismes s’expliquent par les situations auxquelles sont confrontées les minorités concernées, en l’occurrence, le rejet ou la méfiance dont elles font l’objet dans la population et l’inconséquence des pouvoirs publics (qui ont par exemple laissé se constituer de véritables ghettos). Dès lors, à gauche, on ne peut que déplorer l’existence de ces communautarismes, et plus on s’éloigne du centre, plus on considère qu’on ne peut en faire porter la responsabilité aux minorités elles-mêmes.
C’est ce refus de mettre en cause la responsabilité des minorités que fustige la droite, et qui rend à ses yeux la gauche « communautariste ». Pour la droite, qui pour l’essentiel se situe à droite sur « l’identité et la responsabilité », on ne peut pas exonérer les individus de leur responsabilité : c’est aux minorités de faire l’effort de s’intégrer à la population, et non pas au reste de la population de s’adapter aux minorités. Et cette idée est d’autant plus affirmée à droite qu’on s’éloigne du centre.
Une partie de la droite s’oppose donc au communautarisme en dénonçant les comportements par lesquels les minorités s’excluent d’elles-mêmes du reste de la population (par exemple, sur le « communautarisme musulman » : la séparation entre hommes et femmes, le port du voile, etc.).
Quant à la gauche, si elle est communautariste, c’est donc de manière passive : fataliste, elle constate le phénomène (sans lui donner pour autant l’importance que lui donne la droite), en considérant que le seul véritable moyen de lutter contre réside dans une politique de long terme d’intégration des minorités et de lutte contre les discriminations. Ce qu’elle fustige, de son côté, ce sont toutes les stigmatisations dont sont victimes ces minorités, qui font qu’elles n’ont pas le sentiment de faire partie intégrante de la communauté nationale. Des stigmatisations comme celles, par exemple, qui mettent l’accent sur les différences de culture ou de religion, qui seraient incompatibles avec « notre » identité. Des stigmatisations qui viennent en général… de la droite. Et voilà pourquoi, pour la gauche, c’est le discours de la droite qui favorise le repli communautaire.
En tant que libertarien, j’ai une position plutôt claire sur le communautarisme qui est la suivante :
Si les individus veulent se regrouper entre eux selon leur religion, ethnie, culture, etc, grand bien leur fasse et c’est leur droit le plus total du moment que chaque individu est consentant pour intégrer cette dite communauté.
Là où ça coince c’est quand une communauté se transforme en lobby et commence à demander et à voir s’accorder des privilèges par l’Etat, ce qui représente donc de la discrimination positive, à laquelle je m’oppose totalement.
Pour conclure, je tolère voire soutiens l’existence des communautés mais pas celle des lobbys.
N’étant ni libertarien ni conservateur, j’adhère à cette prise de position. Un simple regroupement de personnes ayant mêmes affinités culturelles ou autres relève de la sphère privée et ne présente par conséquent aucun risque d’interférence politique. J’irai même jusqu’à dire que le fait de s’y opposer pourrait être assimilable à un début de totalitarisme ultranationaliste et « beauf ». En revanche, dès lors où de tels regroupements empiètent sur le domaine politique, il y a lieu de dénoncer un abus de pouvoir de leur part. J’en arrive donc à la même conclusion qu’Extremo.
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