Précédemment :
Les positionnements politiques établis dans ce blog sont réalisés à partir de trois axes gauche-droite, indépendants les uns des autres.
Le premier axe concerne l’économique et le social. Avec, côté gauche, l’interventionnisme, et côté droit, le libéralisme.
Certes, la droite aussi est parfois favorable à un interventionnisme de l’Etat. Et il arrive (souvent) à la gauche d’accepter un certain désengagement de l’Etat. Mais l’interventionnisme se retrouve tout de même plus dans les valeurs de la gauche que dans celles de la droite : renforcement des services publics, impôt redistributif, aides sociales, protection des salariés par la loi… A l’inverse, c’est en général à droite que le libéralisme économique est le plus prisé : libre concurrence, initiative individuelle, limitation du rôle de l’Etat, libre-échange… sont en effet des valeurs davantage portées par la droite.
Voir les valeurs sur l’économique et le social à gauche et à droite.
Le deuxième axe gauche-droite, « les manières de vivre », illustre les positionnements sur les questions liées à l’évolution des mœurs. Là, en revanche, la plus « libérale », c’est la gauche.
La lutte contre l’influence de l’Eglise dans la société, puis le combat pour l’émancipation des femmes, puis les avancées sur les droits des homosexuels, sont des sujets qui ont d’abord été portés par la gauche. A l’inverse, c’est plutôt à droite qu’ont été défendues les valeurs de la religion, la famille, ou, aujourd’hui, la définition traditionnelle du mariage. Même si là encore, on peut trouver de multiples contre-exemples. Mais globalement, à droite, respect des valeurs léguées par les générations précédentes, respect des « normes » établies ; à gauche, liberté de ne pas tenir compte de ces normes. « Conservatisme » à droite, « laisser-faire » à gauche.
Voir les valeurs sur les manières de vivre à gauche et à droite.
Puis il y a un ensemble de thèmes sur lesquels droite et gauche ont le plus souvent des visions opposées, des thèmes liés aux notions d’identité et de responsabilité.
Une telle opposition entre droite et gauche s’est clairement manifestée lors de l’affaire Dreyfus, à la fin du XIXème siècle : d’un côté, la défense, à travers l’armée, de la nation homogène et chrétienne (indépendamment de la culpabilité avérée ou non du « juif » Dreyfus) ; de l’autre, la défense de l’universalisme des droits de l’homme (Dreyfus étant injustement accusé). Puis plus tard, au moment de la guerre d’Algérie : les bienfaits de la colonisation d’un côté, le droit à l’indépendance de l’autre. Et aujourd’hui : la volonté de définir l’identité nationale d’un côté, et le refus de la figer de l’autre ; la mise en cause de la volonté d’intégration des immigrés d’un côté, et la mise en cause des problèmes économiques et sociaux de l’autre. Et puis, en matière de lutte contre l’insécurité : l’accent mis sur la sanction dissuasive d’un côté, la préférence pour la prévention de l’autre. Ou dans les politiques sociales : la réussite des plus méritants d’un côté, l’amélioration des conditions de vie pour tous de l’autre.
La source de ces oppositions, on la trouve dans la conception que chacun peut se faire de l’être humain. Dans quelle mesure les individus sont-ils influencés par leurs racines, ou par ce qu’ils portent en eux dès la naissance ? A l’inverse, dans quelle mesure le contexte dans lequel ils évoluent influe-t-il sur ce qu’ils sont ? Quelle est la part de la naissance, quelle est la part du contexte, dans ce qui fait notre identité ?
Si la naissance est ce qui est le plus déterminant, alors les gens « bien nés » sont plus aptes à diriger les autres. Si les racines sont déterminantes, alors celui dont la famille vient d’ailleurs fait moins vite partie de la communauté nationale. Si les ressources qu’on a en soi comptent plus que le contexte dans lequel on évolue, alors chacun peut s’en sortir s’il s’en donne les moyens.
Si en revanche c’est le contexte qui est déterminant, alors c’est dans les problèmes sociaux (la misère, l’exclusion, les ratages de l’éducation…) qu’il faut chercher l’origine de la délinquance ; l’intégration des immigrés dépend moins de leurs origines que des conditions de vie plus ou moins favorables qui leur sont offertes ; le sort des individus dépend moins de leur bonne volonté que des situations auxquelles ils sont confrontés.
Sur ces questions qui concernent donc à la fois l’identité et la responsabilité, il y a ainsi deux visions qui s’opposent : celle selon laquelle, entre la naissance et le contexte, c’est la naissance qui a le plus d’influence dans ce qui fait de nous ce que nous sommes, et celle selon laquelle c’est le contexte qui est le plus déterminant. Prépondérance de la naissance à droite. Prépondérance du contexte à gauche.
Voir les valeurs sur l’identité et la responsabilité à gauche et à droite.
La plupart des questions politiques sont liées à ces trois grandes thématiques, « l’économique et le social », « les manières de vivre », « l’identité et la responsabilité ». La croissance, l’emploi, les entreprises, la fiscalité, les services publics, la protection sociale se rapportent à « l’économique et le social » ; la place de la religion, le droit à l’avortement, le mariage homosexuel, l’euthanasie, ou la dépénalisation du cannabis, se retrouvent dans « les manières de vivre » ; l’identité nationale, l’immigration, le droit de vote des étrangers, la lutte contre l’insécurité, ou l’égalité des chances dépendent de « l’identité et la responsabilité ».
Certains sujets se rapportent à plusieurs de ces grands thèmes en même temps. Les positions sur ces sujets se traduisent donc par des positionnements sur plusieurs axes à la fois. C’est le cas par exemple de l’Europe : l’idée qu’on se fait de l’Europe (Europe fédérale ou Europe des nations ? avec ou sans la Turquie ?…) se rapporte au thème de l’identité et la responsabilité, tandis que le point de vue sur sa politique économique est évidemment lié à l’économique et le social. C’est le cas de la mondialisation, question relevant d’abord de l’économique et le social, mais aussi de l’identité et la responsabilité (les influences extérieures mettent-elles les nations en péril ?…). C’est le cas de la laïcité, question à la fois de religion (les manières de vivre) et d’image qu’on se fait de notre pays (l’identité et la responsabilité). Etc.
Ainsi, on a donc trois axes gauche-droite, représentant trois thématiques majeures, sur chacun desquels on peut positionner des valeurs privilégiées par la droite ou des valeurs privilégiées par la gauche. Trois axes indépendants les uns des autres, car on peut défendre des valeurs « de gauche » sur le premier, « de droite » sur le deuxième, et être partagé sur le troisième. Trois axes grâce auxquels on peut définir un profil politique.