Le gouvernement étudie la piste d’une dégressivité des allocations chômage. D’abord, pour réduire le déficit de l’UNEDIC, mais aussi pour « permettre un retour à l’emploi », selon la ministre du Travail. Or, en assumant que la baisse des allocations chômage doit conduire les chômeurs à retrouver un emploi, le gouvernement quitte les rivages du social-libéralisme pour aborder ceux du libéralisme de droite.
Tout comme les annonces de François Hollande sur la formation des chômeurs, la dégressivité des allocations chômage s’inscrit dans la politique de l’offre privilégiée par le gouvernement depuis fin 2012 : la lutte contre le chômage passe d’abord par l’amélioration des conditions qui sont offertes aux entreprises pour développer leur activité. C’est bien le sens de décisions qui consistent, dans un cas, à accroître l’effort de l’Etat ou des collectivités pour permettre aux entreprises de disposer de davantage de salariés formés, ou dans l’autre, à ne pas les mettre à contribution quand il s’agit de rééquilibrer le régime d’assurance chômage. A l’inverse de la politique de la demande, qui est elle d’inspiration keynésienne, cette politique de l’offre est d’essence libérale. Sur un axe interventionnisme-libéralisme, on est donc plutôt du côté droit.
Mais ce n’est pas parce qu’on est libéral du point de vue économique qu’on est de droite. En revanche, si en plus on considère que les chômeurs retourneraient davantage vers l’emploi avec des allocations chômage diminuées, là, il y a de grandes chances qu’on se situe à droite. Car alors on estime que, si les chômeurs ne trouvent pas de travail, c’est moins en raison de la situation économique du pays qu’à cause d’un manque de motivation personnelle. La faute est mise sur le chômeur, et non plus sur le contexte économique. Sur l’axe « l’identité et la responsabilité », on est plus du côté « naissance » (à droite), que du côté « contexte » (à gauche). En l’occurrence, vu la prudence du gouvernement (« permettre un retour à l’emploi » ne marque pas non plus une ambition démesurée), on est certes plutôt au centre-droit. Mais à droite quand même.
Avec ces deux axes à droite, « l’économique et le social » et « l’identité et la responsabilité », on peut s’en défendre, mais en général, on est de droite.
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