On entend souvent les commentateurs politiques associer les électeurs du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et ceux du Front national de Marine Le Pen. Ces électeurs seraient représentatifs d’une France « fermée », repliée sur elle-même, en opposition à la France « ouverte » défendue en général par les partis moins radicaux. Et ce clivage ouvert-fermé remplacerait aujourd’hui un clivage gauche-droite rendu caduc par la mondialisation.
Il est incontestable que Parti de gauche et Front national se rejoignent sur un certain nombre de points : tous les deux rejettent l’Europe et la mondialisation libérale, tous les deux critiquent l’euro et la politique allemande, et leurs leaders partagent à la fois un anti-américanisme viscéral et une certaine admiration pour Vladimir Poutine. Mais cela suffit-il à les réunir dans une même France du repli sur soi ? Car au-delà de ces positions, qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’immigration ou d’identité nationale ? Et sur le reste, que ce soit la politique fiscale, la politique en faveur des entreprises, le mariage homosexuel, ou encore la lutte contre la délinquance, quelle proximité y a-t-il entre ces deux tendances politiques ? Grâce aux statistiques réunies au moyen du Politest, nous disposons des réponses de plusieurs milliers de sympathisants du Parti de gauche et du Front national qui montrent qu’il n’y a finalement pas grand chose de commun entre les deux électorats.