Dans l’article précédent, nous avons vu que la réforme du collège de N. Vallaud-Belkacem était, sur le plan de la politique pédagogique, bien ancrée à gauche. En est-il de même sur la question des modalités de mise en oeuvre ?
Selon les organisations syndicales, les changements induits par la réforme auront des conséquences sur l’organisation et le volume de travail des enseignants. La ministre a annoncé la création de 4000 postes, ce qu’elles ont jugé insuffisant. La plus grande autonomie laissée aux établissements fait également débat à gauche, certains y voyant le danger d’une aggravation des inégalités. Ces deux aspects de la réforme, les moyens supplémentaires et l’autonomie, se rapportent à notre axe « l’économique et le social ».
Côté gauche de l’axe, l’interventionnisme : Etat plus présent dans l’économie, développement des services publics et de l’emploi public. Côté droit, le libéralisme : désengagement de l’Etat et réduction de l’emploi public. Au centre : amélioration des services publics à moyens constants. La création des 4000 postes ferait plutôt pencher la balance à gauche. Mais s’agissant de 4000 postes « pour 7100 collèges publics et privés » (selon Le Monde du 11/03/2015), l’accroissement des moyens ne semble pas être suffisant sans une « augmentation de la productivité », comme disent les économistes. En cela, on se rapproche du centre.
Pour ce qui est de la plus grande autonomie laissée aux établissements, on a vu dans l’article précédent que son objectif affiché était de développer de « nouvelles modalités d’enseignement », objectif qui s’inscrit à gauche selon notre analyse. Dans cette perspective, le choix a donc été fait de laisser aux établissements une certaine liberté, pour encourager les initiatives et l’innovation. Les établissements seront ainsi davantage responsabilisés et pourront moins se reposer sur les directives de leur tutelle. Une saine émulation – ou une concurrence mortifère, c’est selon – pourrait même se produire entre établissements, du public et du privé. Sur l’axe interventionnisme-libéralisme, on est donc plus proche du libéralisme. Un libéralisme très tempéré : tout continuera à se faire sous l’oeil vigilant des inspecteurs d’académie ! Sur cet aspect-là de la réforme, on se situe donc au centre-droit.
Centre-gauche pour la création des 4000 postes, centre-droit pour la plus grande autonomie, la réforme du collège est donc d’inspiration centriste en ce qui concerne les modalités de mise en oeuvre.